Voilà un livre très particulier. Je ne sais plus ce qui me l'avait fait noté. Quelques jours après le tremblement de terre du Japon, je le trouve en librairie. J'ai d'abord été très surprise par la couverture et puis je me suis dit que c'était bien le moment pour le lire. Ce ne fut pas une lecture facile et j'ai mis un temps pas possible à le finir (ma semaine de dingue au boulot n'a pas aidé c'est sur !).
Le 1er septembre 1923 a eu lieu un terrible tremblement de terre qui a détruit Tôkyô et Yokohama. Contrairement à ce que je pensais, il ne s'agit pas d'un livre romancé sur cette tragédie mais d'un véritable documentaire. Toutes les précisions concernant le nombre de bâtiments détruits dans tel ou tel quartier, ainsi que le nombre de victimes ont donc été bien trop détaillées pour moi. Elles ont bien sur leur importance et leur détail est impressionnant, mais pour moi, trop de chiffres tue le chiffre ! Et de toute façon je suis juste incapable d'imaginer 200 000 victimes ou 40 000 cadavres dans un parc. Mon cerveau fait un blocage.
Pour autant le reste de ce documentaire fut très intéressant. L'auteur prend le temps de nous expliquer la situation de l'époque au Japon notamment les connaissances débutantes en sismologie et les conflits qui opposa les spécialistes. Il détaille parfaitement les événements du 1er septembre et les répliques qui ont suivi. Les conséquences immédiates du séisme sont bien expliquées et font froid dans le dos. Principalement le feu à Tôkyô et Yokohama qui a fait bien plus de victimes que le séisme lui-même. Le tremblement de terre s'est produit à 11H58, au moment où les familles et les restaurants s'affairaient en cuisine. Paniqués par les secousses qui durèrent 2 à 3 minutes, chacun s'enfuit des maisons, laissant les foyers allumés. Le feu s'est alors facilement propagé aidé par les constructions en bois, les canalisations d'eau détruites, les rues encombrées de gravats qui empêchent la circulation des quelques véhicules encore en état de rouler, et surtout la population affolée qui emporta tout ce qu'elle pouvait sur son dos ou dans des charrettes. L'auteur décrit avec minutie cette étape de la catastrophe, la population réfugiée dans les parcs, les flammèches qui s'embrasent au contact des charrettes ou des vêtements, la chaleur implacable, les déflagrations, les boules de feu même qui jaillirent, et les nombreuses noyades qui suivirent lorsque les foules se jetèrent dans les lacs ou ruisseaux pour tenter d'éviter le feu. Toute cette partie est documentée de récits de survivants qui permettent de comprendre (autant que possible) l'horreur qu'ils ont vécu.
Mais le carnage ne s'arrête pas là. Après la fureur des éléments naturels, c'est à la peur des hommes qu'il a fallu faire face. Or à l'époque, le Japon a annexé la Corée. Beaucoup de Coréens vivent au Japon pour y trouver du travail mais les relations entre Coréens et Japonais sont tendues. De plus le Japon fait face à une contestation communiste. Les hommes qui défendent ces thèses sont considérés comme de dangereux perturbateurs. Au moment du tremblement de terre, certains hommes se sont regroupés pour voler dans les maisons les denrées alimentaires mais aussi les bijoux et l'argent. Ils pillaient, violaient et semaient la terreur parmi la population. La rumeur enfla qu'il s'agissait de groupe de Coréens et d'anarchistes communistes décidés à profiter des troubles du séisme pour renverser le pouvoir ou se venger de la population. La rumeur prit de telle proportion que des milices se créèrent. Très violentes, elles contrôlaient chaque personne. Si l'un d'eux avait le malheur d'avoir un accent (même un japonais de la campagne) il était battu à mort. Il y eut des massacres de Coréens et même de Japonais durant les jours qui suivirent le séisme. Aki Shimazaki y fait d'ailleurs référence dans son roman Tsubame.
Pour finir, l'auteur nous explique les problématiques liés à la gestion de la crise : état sanitaire des zones accueillant les réfugiés, épidémie, difficulté pour remettre en route les services publics de la ville, reconstruction...
Ce livre est donc très bien documenté. Il présente une image de cette catastrophe de façon neutre : pas d'apitoiement ou larmoiement, des faits, des témoignages, des rapports de police. Une façon qui permet de lire l'impossible.
Cette lecture participe au challenge In the mood for Japan organisé par Choco.
8 commentaires:
En tout cas, la couverture est très belle ! J'aime bcp.
Je l'ai noté depuis un moment, il a l'ait très intéressant, mais je ne vais sans doute pas le lire de suite.
Clarabel : Je trouve aussi mais je ne sais pas où ils ont été pêché une couverture aussi belle vu le sujet... je ne vois pas le rapport ? Mais c'est bon pour les yeux !
Adalana : je comprends bien ! Pour moi, c'était une façon d'imaginer ce que ça pouvait être, même si presque 1 siècle sépare les 2 événements.
Je ne connais pas du tout, et c'est vrai que la couverture est magnifique ! Je ne pense pas que je pourrais le lire tout de suite... Mais je le note, il a vraiment l'air intéressant !
J'aurais été séduite moi aussi par la couverture, mais l'intérieur, un peu moins !
Et tes vacances ? Elles se passent bien ?
Je plussoie tout le monde, la couverture est très belle, mais je ne pense pas que ce soit pour moi, ce genre de livre!!! :S
Moi je presque plussoie le monde ... en Fait je pense qu'en plus d'une si belle couverture, je suis "vendue" par le propos
@ Morgouille : ne pas oublier non plus qu'il s'agit d'un documentaire... c'est un peu particulier à lire !
@ syl : je comprends ! Mes vacances se terminent ... bouuhouuu !! Et comme d'hab (je suis maudite) le beau temps revient !
@ Pimpi : je comprends tout à fait !
@ Kikine : si tu as envie de documentaire, celui-ci est très bien fait, sur un sujet prenant !
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