Lors des pires journées de canicule, j'ai décidé un après-midi d'aller m'abriter sous la clim de la bibliothèque du village d'à coté ! J'ai eu de la chance, elle réouvrait tout juste après la fermeture annuelle. Enfin au frais et au calme (sauf lorsque quelques gamins turbulents ont envahi les lieux !) j'ai eu tout le loisir de terminer mon livre en cours... sauf que je n'en avais pas amené d'autres. Oui, voyez-vous, je vais en bibliothèque avec mes livres ! En fait, je n'ai pas encore fait d'inscription donc je n'aurais pas pu emprunter.
Alors pour passer le temps, j'ai commencé ce roman d'Oates que j'avais découvert dans les rayons jeunesse. Je me disais que je reviendrais les prochains jours pour en finir la lecture puisqu'il n'est pas très épais... Tu parles Charles !! Après quelques chapitres, je suis rentrée chez moi et la première chose que j'ai faite (après une douche de plus !) a été de le chercher en occasion ! Heureusement pour moi, ce fut chose faite rapidement, et quelques jours plus tard, je pouvais reprendre ma lecture la où je l'avais interrompue.
Bref... après tout ce blabla sur ma vie, parlons donc de ce roman ! La Nulle, c'est Ursula. Personne n'oserait l'appeler ainsi mais avec sa carrure d'athlète et son mal-être, elle s'est elle-même surnommée ainsi. Solitaire, sportive, elle éprouve à pleine puissance l'adolescence en passant par des humeurs Noires d'Encre où il ne faut pas la chercher, et des Rouge Feu... où il ne faut pas trop la chercher non plus !
Grande Gueule, c'est Matt. Alors lui, plutôt beau gosse, une bande de potes, c'est le petit drôle du lycée. Il recherche l'attention des autres, leur amitié, et n'a pas encore trouvé plus efficace que de faire le pitre pour ça.
Sauf qu'un jour, il plaisante sur le fait d'avoir poser une bombe dans le lycée et de vouloir tuer tout le monde. Ca rigole bien autour de lui, il en rajoute, ça plaisante, il ne pense pas à mal. Mais voilà, certaines personnes l'ont prises au sérieux et il est dénoncé. La venue de la police, l'interrogatoire, tout dégénère pour Matt et personne ne veut croire qu'il ne s'agissait que d'une blague... une mauvaise blague certes, mais une blague ! Et c'est à-partir de ce moment là, que toute sa vie va changer.
Encore une fois, Joyce Carol Oates nous montre la complexité et la force des sentiments adolescents. Plongé dans les pensées d'Ursula, puis de Matt, j'ai retrouvé la puissance des émotions que l'on n'arrive pas à contrôler. Tout est extrême, on se sent seul, mal, mais il faut avancer, ne rien montrer, ne rien lâcher. Je me suis sentie très proche d'Ursula par certains aspects, et proche de Matt pour d'autres...
De plus, dans une Amérique terrifiée par les attentats et qui se replie sur elle-même, l'auteur nous expose l'absurdité de la foule, son besoin de sensationnalisme, son avidité de sang et de destruction.
Certainement l'un des romans les moins glauques que j'ai eu l'occasion de lire de cette auteur, il s'adresse aux adolescents et aux adultes qui apprécient moins ses livres plus noir. Pour autant, le message reste fort, les personnages saisissants et je pense m'en souvenir encore longtemps !