mercredi 19 octobre 2011

Du domaine des Murmures - Carole Martinez



Il y a plus d'un an, je rencontrais Carole Martinez pour une lecture et dédicace du Coeur cousu. Elle nous avait alors annoncé qu'elle travaillait sur son prochain roman et nous en avait même lu un passage dont je n'ai retenu que des pierres froides et l'obscurité. Carole Martinez nous avait alors confié qu'elle craignait qu'il ne soit plus sombre que le premier... En celà, elle n'avait pas tort !

J'ai retrouvé avec plaisir l'écriture délicieuse et précise de Carole Martinez. J'ai lu ses mots, j'ai écouté les murmures d'Esclarmonde avec la voix et le regard limpide de Carole Martinez. Esclarmonde, cette jeune fille de 17 ans au moyen-âge, qui ose dire non ! Qui refuse le mariage qu'on lui impose, qui demande à être emmurée vive, condamnée à prier jusqu'à la mort. Enfermée pour être libre ! J'ai frémi le jour où elle sera emmurée, sur ce passage violent qui engendrera la suite des évènements. J'ai tremblé mais Carole Martinez a su aller à l'essentiel, ne pas s'appesantir sur cet acte, mais regarder déjà vers l'avenir. Je ne veux rien vous dire, j'ai envie de vous laisser découvrir les évènements comme je les ai découvert...

Le fantastique qui va si bien à Carole Martinez s'est installé lentement, remplacé de prime abord par la religion. Mais dans la deuxième moitié du roman, les talents de conteuse de Carole Martinez prennent le dessus et le mystique se joint à la réalité, la dépasse, s'y intègre jusqu'à ce qu'on ne puisse plus les distinguer l'un de l'autre.

Un roman décidément plus sombre, plus oppressant... Si Le coeur cousu se terminait sur une note d'optimisme et de légèreté, j'ai trouvé qu'ici, la folie des hommes nous engluait jusqu'à la dernière phrase.

"Le monde en mon temps était poreux, pénétrable au merveilleux. Vous avez coupé les voies, réduit les fables à rien, niant ce qui vous échappait, oubliant la force des vieux récits. Vous avez étouffé la magie, le spirituel et la contemplation dans le vacarme de vos villes, et rares sont ceux qui, prenant le temps de tendre l'oreille, peuvent encore entendre le murmure des temps anciens ou le bruit du vent dans les branches. Mais n'imaginez pas que ce massacre des contes a chassé la peur ! Non, vous tremblez toujours sans même savoir pourquoi."

6 commentaires:

Adalana a dit…

J'ai lu plusieurs avis, il me tente pas mal mais je pense lire "cœur cousu" d'abord.

somaja a dit…

J'ai adoré aussi (billet en attente, je suis à la bourre !!!)Et je compte bien lire le coeur décousu. Cette femme a une vraie belle plume.

bladelor a dit…

Je viens de l'emprunter à la biblio et comme Adalana j'ai Coeur cousu également dans ma PAL.

Sandy a dit…

@ Adalana : Ouiii, lis le coeur cousu !! c'est un coup de coeur ce roman !!

@ Somaja : J'aime bien ton lapsus avec le coeur décousu !! Et oui, une très belle écriture, le coeur cousu était encore plus beau il me semble.

@ Bladelor : Haaa, j'ai justement failli te dire de lire Le coeur Cousu ce matin !!

somaja a dit…

:)Pas étonnant le lapsus, en ce moment je me sens un peu "décousue".
Mais "cousu" ou "décousu", je le lirai ce roman.

Sandy a dit…

@ Somaja : C'est un très beau livre !