mardi 26 octobre 2010

Ma vie de geisha - Mineko Iwasaki avec Rande Brown



Il y a un thème qui me passionne au Japon, ce sont les geishas. Vous n'arriverez guère à me passionner pour les sumotori, mais parlez moi des geishas et je fonds ! A Kyoto, on les appelle des geikos, un mot qui signifie "femme qui excelle dans les arts" et dont même la sonorité me séduit. J'ai déjà eu l'occasion de lire des documentaires à ce sujet (il faut d'ailleurs que je vous parle de "Journal d'une geisha" qui est fameux !) et j'aime toujours autant ce milieux, qui malheureusement à tendance à disparaître au Japon.

Si vous avez envie de connaître de façon intime la vie des geikos, alors il vous absolument lire ce livre ! Il est très complet à ce sujet, il évoque aussi les changements du Japon depuis la seconde guerre mondiale et surtout il nous parle d'une femme impressionnante ! D'une femme qui m'a mise ko par son courage, sa ténacité et sa clairvoyance.

Vous aimez les portraits de femmes fortes ? Vous aimerez Mineko Iwasaki !

Je suis rentrée dans cet autobiographie tout doucement... le ton est précis, les faits aussi. Il me fallait m'habituer... et puis... et puis... je me suis laissée subjuquer par l'écriture, par le ton de Mineko, par l'impression que cette femme me chuchotait sa vie à l'oreille, j'ai été séduite par son caractère intraitable et pourtant douce... J'en suis ressortie avec des envies de politesse exquise et de patience (malheureusement mise à mal très rapidement !)

Le rôle des geikos est de satisfaire leurs clients (ou clientes) en terme culturel. La confusion avec les prostitués est très présente et pourtant elles sont bien différentes. Les geikos chantent, dansent, jouent de la musique ou encore elles servent le thé ou le saké, font la conversation en mettant à l'aise leurs clients... leur rôle s'arrête là. Les geikos sont même particulièrement indépendantes des hommes ! Elles ne sont pas obligées de se marier (rare sont celles qui le font d'ailleurs) et pouvaient même avoir un enfant hors mariage.

En revanche c'est une société très hierachisée et dominée par les femmes. Si elles sont indépendantes des hommes, elles n'en sont pas moins dépendantes des femmes qui gravitent autour (et surtout au-dessus !) d'elles : propriétaire de l'okiya (la demeure des geikos), professeurs (danse, chant ou autre), "grande soeur" et j'en oublie.

Mineko a démarré sa formation à 6 ans, quittant alors ses parents pour rejoindre l'okiya. Elle est destinés à devenir la prochaine atotori (héritière de l'okiya) mais pour cela, elle devra abandonner ses parents, son nom, pour devenir Mineko Iwasaki. Toute sa vie aura été marqué par 2 adages chers à son pères : "Même affamé, un samouraï doit feindre d'être rassasié" et "hokori omostu : cramponne-toi à ta dignité".

Travaillant et s'entraînant avec acharnement, elle deviendra l'une des meilleurs geikos, adulée par les fans au Japon, rencontrant des célébrités et des têtes couronnées (l'anedocte à-propos du prince Charles m'a beaucoup plu !)... pour finalement abandonner son métier à l'âge de 30 ans.

C'est une invitation dans le monde des karyukai (quartier des geishas) qui "signifie monde des fleurs et des saules, car si la geisha est une fleur parmi les fleurs, elle possède aussi la grâce, la souplesse et la force d'un saule".

Je ne suis pas loin dun coup de coeur avec ce roman, pas de ceux qui démarrent avec panache pour s'essoufler, mais de ceux qui s'insinue discrêtement dans votre esprit pour y rester gravé.

"Et puis il y avait aussi autre chose, un sentiment vague mais opiniâtre et plus insidieux encore que la peur : je n'aimais pas les autres. Je ne les avais pas aimés quand j'étais petite, je ne les aimais toujours pas. [...] Une pauvre jeune fille solitaire qui se donne un mal fou pour plaire tout en redoutant que quiconque l'approche de trop près, voilà ce que j'étais."


Cette lecture s'inscrit dans le cadre du challenge In the Mood for Japan organisé par Choco !

7 commentaires:

bladelor a dit…

Tu sais que j'aime de plus en plus ton blog ?! Je lis quasiment tous tes billets, même quand le thème/livre ne me tente a priori pas. C'était le cas aujourd'hui et je me suis régalée avec ton billet !

Karine:) a dit…

Moi aussi c'est un thème qui me passionne... ce livre était dans ma liste depuis un bon bout de temps mais là, tu me le rappelles, et "très beaucoup" (citation d'un de mes petits cretons de tantôt) en plus de ça!

Sandy a dit…

@ Bladelor : houlà... je rougis de plaisir derrière mon ordi ! Merci !

@ Karine : Alors il faut le ressortir de ta PAL ! J'adore me plonger dans ce thème !

esmeraldae a dit…

exactement ce que j'aime lire;)

Syl. a dit…

Salut, Bladelor a raison... Tu a un style très vivant ! Pour en revenir à ton livre, ce monde m'est inconnu. Je pensais à tort qu'elles étaient des êtres passifs et esclaves. Et là, je vois des Lisbeth Salander en puissance, maîtrise, liberté, domination. Charme et séduction en douceur et retenue seraient un leurre ? A découvrir.

Clarabel a dit…

Comme Bladelor ! Sauf que le sujet m'intéresse beaucoup ... ;)

Sandy a dit…

@ esmeraldae : alors fonce ! ;o)

@ Syl et Clarabel : ho mais c'est ma fête aujourd'hui ?! *mode rougissante* ;o)
Syl : Pas esclave des hommes, plutôt prisonnières du système imposé par les femmes. Concernant leur soumission que l'on prend souvent de la passivité, je pense que l'on touche un caractère très japonais. Plus qu'une soumission c'est vraiment un plaisir de la politesse poussée à son paroxysme, ça n'a pas empêché Mineko de menacer un client avec un couteau sous la gorge ! Mais c'est une femme de poigne ! ;o) J'ai mieux compris ce trait japonais en lisant ce livre.